Bientôt un an. Un an que la terre a tremblé et que tout est tombé.
Un an ça passe vite. Pour moi, pour nous.
Un an c'est long. Pour eux, sans maison, à attendre les promesses de l'occident.
Les promesses n'engagent que ceux qui y croient... et encore une fois, que de promesses ont été faites à Haïti et surtout aux Haïtiens puisque l'État n'existait déjà plus avant le séisme.
Les millions de dollars ont plu d'une manière aussi soutenue que le dernier ouragan mais malgré cela, où en sommes-nous aujourd'hui ? Haïti, déjà l'un des pays les plus pauvres du monde, ne vivait pas à la même époque que nous. Quelques décennies de retard... Il fut en son temps l'un des pays les plus en avance de toute l'ère caraïbe. C'était il y a bien longtemps. Le séisme lui a fait faire un effroyable bond en arrière.
Nous reconstruirons tout de zéro, dirent-ils. Le zéro est toujours là, pas la reconstruction. Entendons par là la reconstruction au sens le plus large.
10 milliards de prévus pour cette immense tâche. L'inexistence des infrastructures de services public avant la catastrophe permet au moins une chose : en construire un neuf, bien pensé, pour le bien de la population. Il en est de même pour le reste. Un groupe d'experts a affirmé qu'avec les sommes promises il était possible de reconstruire un pays moderne technologiquement et écologiquement en pointe pour le bien de tous (à savoir connexion à l'internet haut-débit, recyclage et revalorisation des déchets, j'en passe et des meilleurs).
Au lieu de ça, l'argent dort sur des comptes bloqués. Les États-Unis, qui se sont désignés chef de chantier et logisticien (rôle qu'aurait dû endosser l'ONU) agissent de manière exécrable comme ils le firent dans le pays avant le séisme. Ils négocient directement avec les ONG au lieu de valoriser l'État et donc discrédite celui-ci une fois de plus. Pourquoi organiser des élections alors ?
Les États-Unis snobent donc l'État haïtien en ne respectant pas les règles mais se met respecter celles-ci lorsqu'il s'agit d'économie. En effet, la reconstruction doit passer par la mise en place d'un dossier envoyé on ne sait où, ou une décision sera prise ou pas, avant que ce même dossier reviennent sur le terrain. Nouvelle étape et non des moindres : après avoir réfléchi à la faisabilité du projet en fonction de son coût et tutti-quanti, on passe à l'appel d'offre dans un pays où, rappelons-le, aucune entreprise ne peut y répondre.
Espérons seulement que les dons promis arriveront bien un jour sur le sol haïtien. Que l'exemple français ne soit pas suivi. La France avait en effet prévu de financer la reconstruction du palais présidentielle. Quand la facture de 200 millions de dollars est arrivée, le projet a été enterré.
Bref, il paraît qu'Haïti était en situation d'urgence.
L'urgence est une notion fluctuante.
Autre fléau : le choléra. Tout aussi destructeur que l'excès de bureaucratie. Les haïtiens crient au scandale. Des soldats népalais de l'ONU seraient à l'origine de cette nouvelle plaie. Des hommes révoltés entament une chasse aux sorcières prêt à lyncher pour se venger et s'opposent avec forces aux troupes venues les aider. Exutoire se dit-on. On se dit aussi, une nouvelle fois, pauvre Haïti. On se révolte face à cette bêtise. On se dit qu'avec ce genre de comportement Haïti est définitivement perdu.
Oui mais voilà... l'épidémie de choléra a bien pour origine le campement des soldats népalais. Tout est fait pour étouffer l'affaire, et on le comprend. Mais les conditions d'hygiènes, les latrines qui se déversent dans la rivière où tous boivent et se lavent... vous devinez la suite. Des rapports de médecins français confirment l'affaire au plus haut niveau.
Pour finir : des orphelins haïtiens adoptés par des familles françaises avant même le séisme n'arrive qu'aujourd'hui en France. Ils ont survécu à un tremblement de terre, un ouragan, une épidémie de choléra. Il en a fallu du courage à ces familles et ces enfants. Ou comment rajouter des bâtons dans les roues à un cycliste cul de jatte.
Bureaucratie quand tu nous tiens...
Pauvre Haïti...
PS : aux États-Unis, quelques minutes suffirent pour dépenser 370 milliards de dollars et 'sauver' le système financier américain.
Ouf, enfin une bonne nouvelle.